Mylène et ses « filles » dans son prochain film

Pour son prochain rôle au cinéma, Mylène Farmer partagera l'affiche avec  la brune Crystal Reed et la blonde Anastasia Philips, qui incarneront ses filles à l'écran.

Pour son prochain rôle au cinéma, Mylène Farmer partagera l’affiche avec la brune Crystal Reed et la blonde Anastasia Philips, qui incarneront ses filles à l’écran.

« Mylène Farmer, c’est un choix de coeur », a indiqué le réalisateur Pascal Laugier, qui a recruté la chanteuse pour son prochain film, Incident in a Ghost Land. C’est le coup de foudre artistique survenu pendant le tournage du clip City Of Love (très réussi, il est vrai) qui a convaincu le metteur en scène de donner un rôle au cinéma à l’artiste, plus de vingt ans après Giorgino, qui avait été un échec cinglant. Voilà sans doute pourquoi Pascal Laugier n’hésite pas à évoquer une « prise de risque, qui correspond à la nature même du film. » Pour jouer cette histoire fantastique, où trois femmes sont confrontées à un fantôme du passé dans une maison perdue au milieu des bois, le réalisateur a choisi de donner pour partenaires à Mylène Crystal Reed, « égérie des adolescents d’aujourd’hui », et Anastasia Philips, actrice canadienne qui a brillé dans une adaptation du Journal d’Anne Franck. La brune et la blonde incarneront les filles de notre rousse nationale. Evidemment, tous les fans se réjouissent à l’idée d’aller revoir Mylène sur grand écran. En outre, sa présence dans Incident in a Ghost Land, dont le tournage est prévu cet été, montre l’incroyable détermination de la chanteuse, qui n’a jamais renoncé au septième art, son rêve initial lorsqu’elle a débuté.

« Les bien-aimés » : une fable sur le manque

 

« On peut vivre sans l’autre, mais on ne peut vivre sans l’aimer. » Ainsi chante Madeleine, l’héroïne incarnée par Catherine Deneuve dans Les bien-aimés de Christophe Honoré, diffusé en ce moment su Canal +. Un film qui pourra irriter par ses lenteurs, mais qui ne laissera pas indifférent.

En apparence, tout oppose Madeleine, prostituée occasionnelle qui tombe amoureuse d’un client dans les années 1960, et sa fille Vera, libérée sexuellement mais folle d’un batteur anglais homosexuel dans les années 1990. En réalité, pour toutes les deux, le manque nourrit un sentiment puissant, qui vient contrecarrer un quotidien insipide. Madeleine voit à peine celui qui partage sa vie, et Vera traite comme un ami l’homme qui l’aime.

Ne pouvons-nous aimer que dans le manque ? Faut-il être insaisissable ou absent pour susciter la passion ? C’est le sujet de méditation que  le réalisateur soumet à notre réflexion…

« Adieu Berthe » : courez-y !

Croire qu’on peut choisir, n’est-ce pas la plus grande des illusions ?

Denis Podalydès aime les gens ordinaires. Son héros, Armand, pharmacien de banlieue, est partagé entre sa femme et sa maîtresse. Il voudrait « rompre en douceur », sans se faire mal, c’est tellement humain de vouloir éviter la souffrance. Le décès de sa grand-mère, Berthe, va amener les personnages de l’histoire à revoir leurs positions.

C’est une comédie même pas noire, où le réalisme le plus terre à terre peut basculer à tout moment dans le surréalisme le plus débridé. En témoignent les entreprises de pompes funèbres qui se livrent bataille pour inhumer (ou incinérer) Mémé, de façon solennelle, avec un patron qui ressemble au gourou d’une secte, ou à la cool (quand c’est l’entreprise Obsécool qui est à la manoeuvre).

Le Smartphone s’invite comme un élément à part entière du film. Sonneries qui parasitent les conversations, textos que s’envoient en permanence les personnages rythment le film au moins autant que l’habillage musical, qui oscille entre la farce et l’émotion – on réentend avec bonheur une chanson de Moustaki, Il est trop tard.

Parmi les acteurs, tous très justes (Arditi campe le père alcoolique et dingo de Podalydès), Valérie Lemercier se taille des répliques de choix, dont la fameuse tirade, prononcée dans le cimetière, sur la lâcheté de son amant : « Pète un bon coup, sors ta bite et nous fais pas chier ».

Bref, une comédie tendre et poétique, absolument pas calquée sur les codes des scenarii américains qu’on voudrait imposer au cinéma français. Ça fait du bien !

Claude Miller n’est plus…

Claude Miller vient de s'éteindre des suites d'un cancer, à 70 ans. C'était un cinéaste subtil et dérangeant.

Je me souviens du choc  qu’a constitué pour moi La meilleure façon de marcher, son premier film. Je l’ai vu à la télévision, et j’ai été scotché par le face à face entre les deux Patrick, Dewaere et Bouchitey. Assurément un film d’apprentissage, de ceux qui vous confortent dans votre sentiment qu’il n’est pas interdit d’être différent, d’échapper à la norme brutale, de préférer le théâtre au football sans cesser pour autant d’être un garçon.

Claude Miller a filmé avec beaucoup de finesse la quête identitaire, le mal être des individus qui veulent grandir et échapper au diktat de la répétition. Les premiers émois de l’adolescente de L’Effrontée ne disent pas autre chose que cela. Un autre film marquant de Claude Miller, toujours subtil dans les situations, toujours juste dans les dialogues.

Il nous laisse un Thérèse Desqueyroux qui devrait sortir dans quelques mois.  Un film que ses nombreux admirateurs ne manqueront pas d’aller voir dans les salles…

« L’ombre des autres » : on y croit très fort…

Une vraie lionne ! Nathalie Rheims se bat pour faire exister son projet avec Mylène... dans les deux ans.

 

Non, le projet de L’ombre des autres n’a pas été enterré, malgré la disparition de Claude Berri. Alors qu’elle se tourne de plus en plus vers la production cinématographique, Nathalie Rheims vient de réaffirmer sa volonté de faire aboutir ce projet, avec Mylène (et personne d’autre !) dans le rôle titre.

Une clarification destinée à ceux qui ironisent sur le retour de la rousse au cinéma, après l’échec de Giorgino. Après cinq ans d’attente, c’est d’ici deux ans que le film pourrait voir le jour. Et l’écrivaine d’évoquer des questions de financement, nous invitant à la patience.

Ce qui est certain, c’est que Mylène , après ces atermoiements, ne va pas calquer son agenda de chanteuse sur celui, encore  incertain, d’actrice. Si elle tient à ce qu’on lui offre une deuxième chance au cinéma, elle n’a pas l’intention pour autant de rater ses prochains rendez-vous avec son public : un nouvel album (avec la collaboration notamment de Hurts), suivi d’une scène (dont on ignore encore si elle inclut des dates au Stade de France).

Marie-France Pisier, inoubliable Charlotte Brontë

Elle devait se rendre au festival de Cannes dans les prochains jours. Elle a rejoint les étoiles, les vraies.

Elle était la classe, l’élégance, la distinction. Une diction parfaite, une beauté aristocratique et pourtant simple. Elle disparaît trop tôt, à l’âge de 66 ans. Au cinéma, elle était l’idéal féminin selon Antoine Doinel. Elle me laisse l’ineffable souvenir d’avoir incarné Charlotte Brontë, l’auteur de Jane Eyre,amoureuse écorchée vive, dans Les soeurs Brontë, le film injustement boudé à sa sortie d’André Téchiné. Dans l’extrait qui suit, elle supplie sa soeur Emily, jouée par Isabelle Adjani, de publier des poèmes qu’elle a découverts par hasard et qui l’ont bouleversée. Pour avoir lu ce qui était secret, elle doit affronter la colère de celle qui se sent trahie. Comme toujours, Marie-France Pisier est lumineuse et juste.

Mylène au ciné dans « Accès privé »

Même si les journalistes de M6, cette fois,  se sont un peu creusé les méninges pour trouver un angle original sur Mylène, le reportage ne comporte aucune révélation. Surtout, les intervenants n’expliquent pas pourquoi le projet d’adaptation de l’Ombre des autres est sans cesse reporté.

En outre, on a le sentiment que la carrière de la chanteuse s’est arrêtée après les grands clips de Laurent Boutonnat. Or, comment faire l’impasse sur les autres réalisateurs qui, tels Abel Ferrara, ont également comblé le désir de la star de faire du cinéma. Bref, en dépit du plaisir d’apercevoir Philippe Séguy, le premier biographe de Mylène, beaucoup d’approximations dans ce reportage. Dommage…

« Black Swan » : un film au goût de sang

 

C’est une jolie fable sur la sortie de l’enfance, l’entrée douloureuse dans l’âge adulte. Nina (Natalie Portman) est une jeune danseuse très appliquée qui vit dans un cocon d’amour, chaperonnée par sa mère. La plus sérieuse du New York City Ballet, la troupe qu’elle a rejoint. Mais lorsque Simon, le chorégraphe (Vincent Cassel), lui confie le rôle principal pour une nouvelle version du Lac des cygnes,  le sol se dérobe sous ses pas.

Peu à peu, afin d’incarner au mieux le cygne noir, le pendant obscur du cygne blanc, elle est menée à découvrir son côté sombre, ses pulsions cachées, destructrices, cette part d’elle-même qu’elle a toujours refoulée. Une révolte salutaire qui la conduira à l’émancipation et à l’excellence…

Darren Aronoïsk, le réalisateur, réussit à  répandre un parfum de soufre dans le monde très lisse de la danse classique. Et même si le trait manque parfois de nuance, son film au goût de sang et de sexe a le mérite de rappeler que rien de grand ne peut s’accomplir en art avec des bons sentiments. Dérangeant à souhait, Black Swan devrait, selon toute vraisemblance, recevoir une pluie d’oscars…

La mort de Claude Chabrol

 

Il avait tourné soixante films. Le cinéaste s'est éteint à l'âge de 80 ans...

 

Je l’avais croisé à deux reprises lors de réceptions organisées par les éditions du Cherche Midi. Il était plein d’esprit, démarrant au quart de tour dans les scénarios les plus délirants. Quelques mois plus tard, au téléphone, il m’avait parlé très poliment  d’un de mes livres, « Ma mère en plus jeune », que je lui avais envoyé en vue d’une éventuelle adaptation.

Il pensait que les grands travers humains se dissimulent plus sûrement dans le confort des salons bourgeois. Son regard féroce et drôle va nous manquer. Restent ses films, son goût pour les personnages troubles et les contes subversifs. Jusqu’au bout, il a gardé la même joie enfantine de nous raconter des histoires inquiétantes. Il avait tourné soixante longs métrages pour le cinéma.  On n’a pas finir de les redécouvrir…

Alain Corneau ne filmera plus…

 

Le réalisateur de "Série noire" et de "Tous les matins du monde" vient de décéder, à 67 ans.

 

Il y a deux jours, je suis allé voir « Crime d’amour », son nouveau film, avec un pincement au coeur. On venait de m’assurer que le cinéaste était très malade. De fait, lorsque le film est sorti, le 18 août dernier, Alain Corneau avait été hospitalisé deux semaines plus tôt, victime d’une grave rechute de ce qui semble être un cancer. Pourtant, depuis son lit, il suivait autant que possible le parcours de ce film dont il savait que ce serait le dernier. Il nous a quittés dans la nuit de dimanche à lundi, à 67 ans.

 Alain Corneau a connu la reconnaissance du public et celle de ses pairs. Si son chef d’oeuvre reste sans doute « Série noire » (il aura excellé dans le polar), son plus grand succès restera « Tous les matins du monde », un hommage rendu par ce fou de jazz à la musique baroque. Mais on doit aussi au réalisateur « Nocturne indien » ou « Stupeur et tremblements », deux dépaysements radicaux, en Inde puis au Japon, où il est question d’identité. Ne faut-il pas d’abord se perdre pour espérer se trouver ? Alain Corneau pose cette question avec une bouleversante acuité.