Voir un concert de Mylène au cinéma provoque fatalement un déluge d’impressions. La séance du 27 mars, qui a réuni plus de 100 000 spectateurs dans une même communion, en apporte une nouvelle preuve.
Premier sentiment après la projection : François Hanss a accompli un travail époustoufflant, un montage extrêmement soigné qui déjà en soi est une véritable prouesse technique. Pour la première fois, des caméras nous montrent des images inédites (Mylène de dos ou de côté, ou encore la fascinante vision subjective des robots).
C’est avec bonheur que j’ai retrouvé les morceaux ne figurant pas sur l’album livre – Je te dis tout est particulièrement saisissant. Parmi les moments les mieux rendus, à mon sens : les duos avec Gary Jules, où l’on perçoit une infinie tendresse à travers des gestes qu’il était impossible de capter lors du live. La chorégraphie des robots, l’un des temps forts du show, est aussi l’un des morceaux de bravoure du film. Quant au final, il est magnifié par le cinéaste : l’impression du vide laissé par Mylène est troublante.
Toutefois, plusieurs aspects du film m’ont laissé un peu perplexe. Si le choix de filmer les shows de Lyon n’est pas contestable (après tout, Bercy a déjà été immortalisé), la séquence inaugurale, qui s’attarde trop sur le bâtiment de la Halle Garnier, m’a empêché de me projeter immédiatement dans le concert. La salle, à mon sens, importait peu : c’est le spectacle qui compte. D’autant que le majorité des 500 000 spectateurs ayant assisté au show l’ont vu ailleurs. Cette insistance sur le lieu a pour effet de rendre Timeless 2013 un peu moins universel.
Le parti pris de filmer autant les spectateurs, même rendre hommage aux fans est une idée généreuse, me semble aussi contestable. Certes, un concert est une expérience collective, mais chacun le vit à sa manière. Ainsi, les visages insérés pendant le film d’ouverture m’ont perturbé : j’aurais préféré plonger dans le labyrinthe de cette base spatiale sans être parasité par d’autres images. Idem durant certains tableaux chorégraphiés, comme celui de Je t’aime Mélancolie : les inserts sur les spectateurs m’ont déconcentré de ce moment qui était l’un des plus électriques durant les shows farmeriens.
Pour revenir à ce qui m’a enthousiasmé, l’une des valeurs ajoutées du film par rapport au concert est de mettre en lumière le raffinement des costumes. On ne se lasse pas non plus, même si certaines imperfections touchantes de la voix ont été gommées, d’admirer la silhouette parfaite de la chanteuse. Le travail de François Hanss nous donne enfin envie de découvrir les bonus du DVD, qui lèveront un coin du voile sur la logistique pharaonique de la tournée. Une façon de ne pas oublier que Mylène est la seule artiste hexagonale à nous offrir des prestations aussi spectaculaires.