Après 1386 écoutes, petite explication de texte des titres du nouvel album…
A FORCE DE
Toujours sur la brèche, borderline, Mylène voit le verre tantôt à moitié vide, tantôt à moitié plein. A Force de est un cri positif, celui d’une femme qui ressent avec force l’envie de vivre et d’aimer. La « flamme », même si elle est « impalpable » est là, et ne semble pas près de s’éteindre. Un excellent titre pour entamer les shows 2013 (après l’intro Nuit d’hiver) ?
A L’OMBRE
Une chanson émouvante où Mylène, tout en parlant de sa propre propension à l’ombre, au retrait, qu’elle combat grâce à l’être aimé, s’adresse aussi aux gens de l’ombre, ceux qui n’osent pas crever la bulle, aller au bout de leurs rêves, se coupant d’eux-mêmes et s’empêchant d’accéder « au ciel ». Le clip, avec ce travail sur le visage dévisagé par cette boue, inspiré du travail d’Olivier de Sagazan, est remarquablement raccord avec le thème de la chanson.
A-T-ON JAMAIS
Ce titre évoque l’absence d’un être aimé qui a beaucoup compté. Souvenir personnel de Mylène ? Difficile à dire, tant le texte est énigmatique. Ce qui est certain, c’est la dimension spirituelle de la chanson, le « Alléluia » qui rend le chant presque religieux.
ELLE A DIT
Au début, on songe à un autoportrait. « Un brin nihiliste / Mélancolique / Parfois l’envie / Se foute en l’air ». Et puis, une nouvelle fois, Mylène se dédouble ou se projette. Elle parle d’une fille « différente », prise de vertige parce qu’elle aime, qui semble découvrir son homosexualité. Un texte subtil, tout en nuances. Certains l’annoncent comme un single possible…
ICI-BAS
Peut-être le titre le plus énigmatique de l’album. S’agit-il d’une chanson impie, voire blasphématoire ? En tout cas, Mylène y vante l’existence « ici-bas », la seule qui nous soit donnée, opposant l’absence de l’être aimé, à l’hypothétique existence d’un Dieu que même Marie, du haut de sa tour, peine à apercevoir... C’est un peu la chanson de St Thomas : seule la réalité d’un homme présent à ses côtés apporte à Mylène la preuve qu’elle est aimée… Une version moins sombre d’Il n’y a pas d’ailleurs ?
J’AI ESSAYÉ DE VIVRE
« Danser sans cesse / Au bord du gouffre » : un bon résumé de l’équation farmerienne. Un titre infiniment touchant parce qu’il s’adresse aux fans, c’est un salut romain (« ave ») aux « milliers d’âmes anonymes » qui suivent la chanteuse et entendent ses messages, lancés comme dans des bouteilles à la mer. C’est comme si la chanteuse prêtait sa « plume » (et sa voix) à tous ces « amis » qu’elle ne connaît pas. Mylène y affirme aussi sa dépendance à ses fans : « Et je manque d’air / Quand tu m’oublies ».
JE TE DIS TOUT
Même le thème est banal, c’est une des plus jolies ballades écrites par le duo Farmer/Boutonnat : la définition d’un amour absolu tellement fort qu’il perdure par-delà la mort. La passion romantique par excellence. L’idée aussi du double parfait (« Mon ADN »). J’adore l’image, pourtant toute simple, du « M » brodé sur le pull de l’être aimé. Torrent de larmes à prévoir lors de la tournée Timeless 2013. Je te dis tout mériterait largement de devenir un single. Le hic, c’est que les radios boudent de plus en plus les titres lents.
QUAND
L’autre ballade de l’album est remarquable d’épure : elle est d’une fraîcheur inhabituelle, dépouillée de tout artifice. Elle ne fera pas un single, mais son thème (la déception d’avoir « vu trop grand » en se jetant à corps perdu dans une histoire qui, finalement, déçoit) signe la touche la plus mélancolique de Monkey Me.
LOVE DANCE
Beaucoup de fans rejettent ce titre. J’y vois un hymne festif, dansant, érotico-coquin : l’image de l’amoureuse qui surgit d’un immense gâteau d’anniversaire pour celui qu’elle aime. Une vision très ludique, aussi, de la sexualité… Sur scène, Love dance risque de décoiffer !
MONKEY ME
La chanson parfaite de l’album. Thème nouveau dans le répertoire farmerien et rythmique implacable. L’idée de retrouver la part simiesque en chacun de nous (Mylène sait de quoi elle parle) est très jubilatoire. On ne voit pas comment Monkey Me ne pourrait pas être un single – d’autant plus qu’il a été annoncé comme un titre-phare de l’album bien avant sa sortie.
NUIT D’HIVER
La respiration dark de l’album. Une intro flippante idéale (avec des images d’Alain Escalle ?) pour préparer l’entrée en scène, forcément spectaculaire, de Mylène. Une référence directe à Chloé, comptine délicieusement subversive de Cendres de lune.
TU NE LE DIS PAS
Le titre martial, imparable, de l’album. Le thème a déjà été évoqué maintes fois par Mylène : c’est la révélation du monde tel qu’il est, la désillusion qui survient quand on sort de l’enfance et que les châteaux Disney s’effondrent comme des mensonges. « Je sais bien pourquoi la lune n’a / Plus le même éclat » fait écho au titre Plus grandir, que fredonnait Mylène… en 1984. Ce serait un excellent single, dans la lignée de C’est dans l’air.