Vendredi dernier, les pages culture de France Soir ouvraient sur un article signé Patrick Olivier Meyer consacré à la biographie que j’ai écrite sur Francis Cabrel, et qui ne sort que mercredi prochain, le 3 novembre. Evidemment, quand on écrit un livre, ça n’a rien de désagréable qu’il soit bien accueilli. Je vous laisse découvrir cet article…
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LIVRE – CABREL RÉVÉLÉ AU GRAND JOUR
Il s’est fait connaître du grand public à la toute fin des années 1970 avec ses cheveux longs, sa moustache et son pantalon en velours côtelé, en chantant Je l’aime à mourir. Comme un fantôme de la vague hippie. Une quinzaine d’années plus tard, son album Samedi soir sur la terre allait s’imposer au fil du temps comme le plus vendu en France, toutes catégories confondues (3 millions et demi d’exemplaires). Un record qui ne devrait pas être contesté de sitôt. Pourtant, on ne sait pas grand-chose de l’homme qui, lorsqu’il n’est pas en tournée, n’aime rien tant que de vivre retranché parmi les siens dans son village d’Astaffort, dans le Lot-et Garonne. Le journaliste et romancier Hugues Royer (déjà auteur du best-sellerMylène, toujours chez Flammarion) décrypte le phénomène Cabrel et sonde les mystères d’une personnalité complexe à travers un livre à paraître début novembre.
Le dernier disque ?
Et si Des roses et des orties, sorti en 2008 et écoulé à 800.000 exemplaires, était le dernier témoignage studio de Francis Cabrel ? « Sa sœur Martine est persuadée qu’il ne fera plus d’album, explique Hugues Royer. A chaque fois, c’est très difficile pour lui, il faut qu’il sorte de sa torpeur. Il ne s’est d’ailleurs pas remis au travail. Les tournées sont également une épreuve pour cet homme discret, réservé, qui a peur du contact. Sur scène, il peut apporter beaucoup d’émotions au public, mais dans la vie, il peut être distant, voire cassant. Il a un humour à froid qu’il faut savoir décrypter. »
La gloire et l’argent
Sa notoriété s’est construite progressivement. Après avoir participé dans sa jeunesse à plusieurs télécrochets avec sa sœur dans le Sud-Ouest, Cabrel a gagné le droit d’enregistrer une première chanson, Petite Marie, en 1974, en hommage à sa femme Mariette. Mais son premier album n’a pas du tout marché. « C’est avec le deuxième, Les Chemins de traverse, en 1979 qu’il connaît le succès in extremis. En 1989, c’est la consécration avec Sarbacane. Mais issu d’un milieu modeste, pauvre – grands-parents immigrés italiens et papa employé dans une biscuiterie –, il est très mal à l’aise avec le succès et l’argent. Après Sarbacane, il a même déprimé. En fait, plus ça marche, plus il s’enracine, un peu comme Ferrat. C’est aussi quelqu’un de généreux qui a donné beaucoup d’argent à son village. Il a par exemple aidé à la création d’une salle de spectacles de 700 personnes et en 2009, un de ses concerts a permis de rassembler plus de 91.000 € au profit des sinistrés de la tempête Klaus. »
A Astaffort…
C’est l’un des plus beaux paradoxes de Francis Cabrel : l’une des figures incontournables de la chanson française depuis plus de trente ans vit toujours à Astaffort. « Il doit être le seul chanteur à vivre dans le village où il a grandi et où il s’occupe de ses vignes. A Astaffort, c’est comme s’il n’était pas là. Tout le monde lui fiche la paix. Personne ne le prend pour une star. Au début de sa carrière, il a vécu une dizaine d’années en région parisienne, c’était une catastrophe. Il déteste la ville, la pollution. C’était un écologiste avant l’heure. »
… et en famille
Il vit avec sa femme Mariette et leurs trois filles : Aurélie (23 ans), Manon (20 ans) et Thiou (adoptée au Vietnam il y a cinq ans). « Il est aussi très proche de sa mère qu’il appelle tous les jours. Sa sœur dit qu’il adore être entouré de femmes. A travers ses textes et ses chansons, on pourrait penser que Mariette est quelqu’un de doux et d’effacé, pas du tout, indique Hugues Royer. Elle a un caractère très fort, elle est très organisée, c’est elle qui gère tout à à la maison. Son frère est aussi très présent et l’aide à différents niveaux, notamment avec ses vignes. »
Moustache
Timide et réservé, le jeune Francis se planquait derrière ses cheveux longs. Pour son service militaire, obligé de se raser la tête, il décide de se laisser pousser la moustache. « En 2003, pendant le repas de Noël, il s’absente, part se raser et quand il revient dans la pièce, personne ne remarque rien ! Mais il a vaincu sa timidité. C’est une vraie libération, une victoire sur lui-même. Et puis il détestait la parodie des Guignols, « la grand-mère à moustache », ça le faisait souffrir surtout à cause des moqueries dont ses filles étaient victimes à l’école. »
Cabrel, d’Hugues Royer, Flammarion, 19, 90 € (sortie le 3 novembre).