Alors qu'il sort de prison aujourd'hui, DSK clame son innocence. Mais il n'est pas impossible qu'il soit coupable...
Il nie vigoureusement les faits qui lui sont reprochés. Il veut consacrer toutes ses forces à prouver son innocence et sauver son honneur. Son visage n’accuse aucun signe de culpabilité, au pire un gigantesque agacement, comme s’il était victime d’une regrettable erreur ou d’un complot planétaire.
Et pourtant, les preuves semblent acquises qu’il y a bien eu relation sexuelle avec la victime dans la désormais célèbre suite de l’hôtel Sofitel de New York. Relation consentie ou forcée ? C’est là que l’homme politique et la femme de chambre ne l’entendent pas de la même façon.
Et si ce qui fait débat était avant tout affaire de perception ? Ce n’est pas la première fois, en effet, que DSK est montré du doigt pour son comportement insistant avec la gent féminine. Dans l’affaire Piroska Nagy, en 2008, il ne se sentait pas coupable non plus. Pourtant, sa collaboratrice au FMI avait elle-même, dans une lettre, émis des doutes sur « sa capacité à travailler avec des femmes ». Pas coupable non plus d’avoir inondé de messages « lourds » la socialiste Aurélie Filippetti en 2006, qui refusait par la suite de se retrouver seule avec lui dans une pièce fermée. Et lorsque Tristane Banon relate la fameuse interview qui a dérapé, elle explique que DSK ne faisait aucun cas de sa résistance. Pire, il la prenait comme un encouragement, un piment érotique. « Je vous fais peur ? » disait-il, comme aveuglé par un désir irrépressible.
Il n’est pas impossible que DSK, aussi exceptionnel puisse-t-il être dans son parcours professionnel, n’ait pas conscience de se comporter comme un prédateur sexuel. En un mot, qu’il ait besoin de se soigner de ce qui ressemble fort à une addiction, et qui s’exprime par des comportements qui n’excluent pas une certaine violence.
Qui dit vrai dans cette affaire ? Ce que DSK a regardé comme un simple jeu érotique a pu sembler à la femme de chambre comme une tentative de viol. Aux Etats-Unis, la culture du harcèlement a développé une revendication légitime pour les femmes à porter plainte dès qu’elles se sentent la proie d’un homme. Face à une attitude pressante, la plaignante s’est sans doute sentie plus que bousculée, agressée.
Bref, si DSK ne se sent pas coupable, il n’est pas impossible qu’il le soit.
20 Mai 2011
Catégories : Hugues Royer, Médias . Étiquettes : affaire, coupable, DSK, New York, prison, procès, Sofitel, Tristane Banon . Auteur : Hugues Royer . Comments: Un commentaire