"Dieu, ma mère et moi" changera votre regard sur Franz-Olivier Giesbert, redoutable analyste politique, mais aussi être plein de spiritualité...
Il a écrit des biographies passionnantes sur Mitterrand, Chirac et Sarkozy. Des romans aussi. Mais son dernier livre est un essai. Avec Dieu, ma mère et moi, paru chez Grasset, Franz-Olivier Giesbert s’attaque à un sujet complexe. Mais avec son goût des raccourcis et son sens des formules, tout devient simple. Son Dieu n’est pas celui d’une religion particulière. « Dieu est une chose trop importante pour être confiée à une seule religion », écrit-il. Il ne se prouve pas, il s’éprouve. « Il est dehors, dans la vie, dans la nature, il suffit d’ouvrir les yeux pour tomber dessus. Etant partout, Dieu n’est nulle part, on ne peut pas l’identifier. Il est à la fois cosmopolite, œcuménique et protéiforme. Il est moi, il est toi, il est l’air que nous respirons et le gazon sur lequel nous marchons. » Une conception qui le rapproche davantage de Spinoza que de Descartes, qui fut pourtant le maître à penser de sa défunte mère.
Quant aux religions, elles sont en quelque sorte à Dieu ce que les partis politiques sont à la politique au sens noble. « Elles sont comme les étoiles qui peuplent la nuit. Elles naissent, grosssissent, se mélangent et puis meurent. Quand elles illuminent le monde, ce n’est jamais pour l’éternité, contrairement à ce que croient les dévots et les cagots, mais toujours d’autres viennent prendre la suite, après leur mort, de sorte que l’espèce humaine ne reste jamais dans l’obscurité. »
L’un des points les plus surprenants (et les plus convaicants) du livre, c’est la virulente défense du monde animal entreprise par son auteur, végétarien assumé. Proche de Plutarque, qui nous exhortait à tuer de nous-même de nos propres mains les animaux dont nous voulons manger la viande, FOG déplore les conditions d’abattage contemporaines et s’insurge contre l’hypocrisie des consommateurs de « chair morte ». Le regard d’une carpe péchée dans son enfance et les larmes du veau qu’on va abattre l’ont dissuadé à jamais de manger des animaux.
D’une manière générale, l’auteur déplore la myopie organisée de nos sociétés, qui semblent nous boucher sciemment l’horizon vers le ciel. «Aujourd’hui, ce n’est plus Dieu qui se meurt ; c’est l’humanité, frappée du syndrôme de la bougie éteinte, qui s’affaire dans les mégalopoles à la gloire du Veau d’Or où la vue du ciel lui est constamment cachée. » Abordant le thème de la mort avec une forme de légèreté, FOG nous révèle ses dialogues avec sa mère et ces défunts qui traversent son quotidien. Pour achever son livre, il nous livre sa dernière volonté : « Je demande qu’on me mette en terre avec mes livres. Je voudrais pourrir avec eux qui ont fait de moi ce que je suis. » Une jolie pirouette ? Pas seulement. La revendication iconoclaste d’un lecteur hédoniste.
2 Mai 2012
Catégories : Hugues Royer, livres . Étiquettes : Descartes, Dieu, FOG, Gallimard, hugues royer, ma mère et moi, Plutarque, Spinoza . Auteur : Hugues Royer . Comments: Un commentaire