Mon père, ce héros ou ce zéro ? Kazimierz Kubicz est une énigme pour son fils Ewad. Et pas seulement parce que ce perchiste a renoncé aux JO de Seoul sans motif apparent. Ce séducteur sentimental, qui n’a pas vu grandir son fils, et qui s’est réinventé mille fois, de sa Pologne natale aux Etats-Unis, l’a également trahi en lui piquant sa petite amie alors qu’il était adolescent. Une trahison impardonnable ?
Alors qu’il apprend la mort de Kazimierz, Ewad, qui ne veut pas y croire, se lance à sa recherche. Cette quête paternelle, Patrick Olivier Meyer en fait le nœud de son deuxième roman. Un parcours initiatique de haute volée, incisif et profond, où affleure une galerie de personnages féminins attachants, qui fait penser à Steinbeck ou Salinger – l’humour en plus. Car l’auteur, qui nous avait déjà cueillis avec Nevrospiral, un premier roman sous amphétamines, est un styliste hors-pair qui manie une forme réjouissante d’ironie. (Morceaux choisis : « Peut-on rire de rien avec personne ? », « Plus tu fous ta vie en l’air, plus tu fous ta vie en l’air » ou encore « Branché sur elle comme une prise Péritel. »)
En filigrane, Le muscle et la chair dresse un tableau implacable du monde d’aujourd’hui : « L’être humain noyé dans le consumérisme, écrabouillé par la technologie ». Bref, ce roman s’impose comme un incontournable de ce début d’année 2013.